L’Institut Royal de la Culture Amazighe a récemment célébré le 20è anniversaire du Discours de Majesté le Roi Mohammed VI et celui de sa propre sa création. Le discours d’Ajdir a placé la promotion de l’amazighe au cœur du projet royal de monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale. L’amazighité y est définie comme un patrimoine national appartenant à tous les Marocains, sans exclusive, et qui plonge ses racines au plus profond de l’histoire du peuple marocain.  La mission centrale assignée à l’Institut est la sauvegarde, la promotion et le renforcement de la place de la culture amazighe dans l’espace éducatif, socioculturel et médiatique national. L’objectif escompté est de lui donner une nouvelle impulsion en tant que richesse nationale et source de fierté pour tous les Marocains. La sollicitude de Sa Majesté le Roi a accompagné le chantier de promotion de l’amazighe tout au long des deux décennies passées marquées par des moments forts, notamment Son discours du 9 mars 2011 et le référendum constitutionnel qui s’est ensuivi, et qui ont scellé le statut officiel de l’amazighe aux côtés de la langue arabe. Ces événements historiques ont consolidé la reconnaissance de l’intégralité de notre histoire commune et de notre identité culturelle nationale unie dans la diversité de ses composantes, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives devant la langue et la culture amazighes. A présent, l’amazighe bénéficie d’un nouvel environnement législatif avec la promulgation, notamment, de la loi organique 26-16 ayant pour périmètre la définition du processus de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazighe, ainsi que les modalités de son intégration dans l’éducation et aux domaines prioritaires de la vie publique, et ce afin de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle. Enfin, dans son programme 2021-2026, l’actuel gouvernement s’engage à mettre en œuvre le processus décliné dans l’article cinq de la Constitution et détaillé dans la loi afférente en projetant de créer un fonds destiné à financer l’opérationnalisation dudit processus. Les tâches prioritaires sont de deux ordres : (i) l’implantation de l’amazighe dans l’environnement institutionnel dans le cadre du « plan gouvernemental intégré » et (ii) sur le plan de l’éducation et en rapport avec les prérogatives de l’autorité de tutelle, l’atteinte de l’objectif de la généralisation de l’amazighe dans les différents cycles du système éducatif présuppose un plan d’urgence, éclairé par un cadre logique adéquat.

 

La réussite du chantier relatif à la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazighe est tributaire de l’engagement gouvernemental à en assurer le portage politique par l’inclusion de ce chantier dans la politique publique générale du gouvernement. Dans cette perspective, la mobilisation de la classe politique dans son ensemble peut constituer un atout pour faire face aux enjeux de la démocratie culturelle. La poursuite de l’élaboration des textes d’application relatif aux lois organiques afférentes à la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazighe sera un adjuvant important au même titre que la promulgation des textes de loi assurant à terme l’égalité et l’équité entre les deux langues officielles sur la base du principe de discrimination positive.

 

Ahmed BOUKOUSAhmed BOUKOUS
Recteur