Missions de l’IRCAM

L’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) est créé le 17 octobre 2001, suite au Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à Ajdir-Khénifra. Le dahir chérifien portant création et organisation de l’IRCAM (n°1-01- 299 rajab al kheir 1422) stipule que ce dernier est créé auprès de Sa Majesté le Roi et sous Sa protection tutélaire. Il est doté de la pleine capacité juridique et de l’autonomie financière (Article 1). Saisi par Sa Majesté, il donne avis sur les mesures de nature à sauvegarder et à promouvoir la culture amazighe dans toutes ses expressions à l’échelon national, régional et local. C’est ainsi qu’il a adressé des notes éclairantes aux commissions spéciales mandatées par Sa Majesté le Roi concernant « Le projet de la régionalisation avancée », « Le projet de constitution », et « Le projet du nouveau modèle de développement ». Il a également collaboré avec les institutions idoines, notamment pour renforcer la diplomatie culturelle du Maroc en mettant en lumière le modèle marocain de gestion de la diversité culturelle et linguistique, et afin de mettre en oeuvre des politiques permettant l’introduction de l’amazighe dans le système éducatif et assurer son rayonnement dans l’espace social, culturel et médiatique (Article 2). Afin de remplir les missions générales qui lui sont imparties, l’Institut est chargé d’accomplir des actions et des activités inscrites dans des plans d’action annuels visant la promotion de la langue et de la culture amazighes dans l’optique d’un projet de société démocratique et moderniste fondé sur la valorisation de la personnalité marocaine et de ses symboles linguistiques, culturels et civilisationnels (Article 3).

 

Le plan stratégique de l’IRCAM est décliné en cinq axes : (i) la recherche fondamentale et la recherche action à la lumière des sciences humaines et sociales et des nouvelles technologies de l’information et de la communication servant la mise à niveau de la langue par la traduction, la terminologie et la numérisation, et la valorisation de la culture dans ses expressions matérielles et immatérielles ; (ii) l’éducation et la formation en collaboration avec le Ministère de l’éducation nationale dans le but de créer les conditions scientifiques de consolidation de l’amazighe dans le système éducatif ; (iii) la diffusion de la connaissance produite par le moyen de l’édition et la promotion des publications en matière de recherche et de création ; (iv) la communication interne pour enraciner la culture de l’institution parmi les ressources humaines et accompagner la conduite du changement, et la communication externe contribuant à asseoir la notoriété de l’IRCAM et à promouvoir son image dans son environnement; et enfin (v) le partenariat avec les institutions nationales et internationales poursuivant des objectifs similaires.

 

Outre ses performances académiques qui en font un pôle crédible au sein de la communauté scientifique, l’IRCAM se distingue en tant qu’institution citoyenne par son engagement en faveur de la société civile, des chercheurs et des créateurs,  son implication conséquente dans l’effort de soutien financier au Fonds Covid-19, et par son engagement dans le processus d’intégration de l’amazighe dans les domaines des services publics, de l’éducation, des activités parlementaires, de la justice, de la santé, de l’information et  de la communication et de la création culturelle, suite à la promulgation de la loi n°26-16 relative à la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazighe.

 

Perspectives

L’Article 5 de la Constitution de 2011 reconnaît l’amazighe comme langue officielle aux côtés de l’arabe et prévoit la promulgation de deux lois organiques relatives aux champs de la langue et de la culture. Ces deux lois sont désormais promulguées. La loi n° 26-16 définit le processus de mise en oeuvre du caractère officiel de l’amazighe ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique. Quant à la loi n° 04-16, elle est afférente à la création du Conseil National des Langues et de la Culture Marocaine, lequel est dédié, notamment, à la protection et au développement des langues arabe et amazighe, et des diverses expressions culturelles et langagières marocaines, et veille à la cohérence de la politique linguistique et culturelle nationale, et à l’enseignement et à la maîtrise des langues étrangères les plus utilisées dans le monde.

La promulgation de ces deux lois vise à donner une nouvelle impulsion au processus d’institutionnalisation de la langue et de la culture amazighes. Nul doute que l’apport de l’IRCAM sera décisif pour la réussite dudit processus devant permettre à l’amazighe de remplir à terme sa fonction de langue officielle.

 

Au sein du Conseil, il appartiendra à l’IRCAM, dans les limites de ses prérogatives, de poursuivre le développement de l’amazighe en mettant à profit les acquis réalisés depuis sa création, en assimilant les nouvelles approches et compétences en matière de recherche, en exploitant les nouvelles technologies de l’information et de la communication, et, enfin, en prenant en évaluant les grands enjeux de l’évolution des langues et des cultures aux niveaux local et global. En termes de management stratégique, suite à l’application des dispositions constitutionnelles de l’article 5, le changement de statut de l’IRCAM est l’indicateur d’une évolution significative de l’environnement politique et législatif dont la finalité est de « normaliser » la situation de cette institution laquelle, ipso facto, se retrouve exclue de la sphère de souveraineté tout en gardant les missions opérationnelles qui sont les siennes depuis sa création.

Ce changement statutaire ne manquera pas d’avoir des incidences sur les plans du mode de gouvernance de l’Institut, sur son fonctionnement et ses performances, lesquels devront probablement être revisités à la lumière des outils de la « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », notamment un « référentiel des emplois et des compétences » approprié. En définitive, le long cheminement du processus de promotion de l’amazighe a connu plusieurs étapes : l’exclusion puis l’intégration et enfin l’inclusion. L’enjeu de cette dernière étape est de réussir le passage effectif vers l’égalité et enfin l’équité entre les langues.