Appel à contribution de la revue de l'IRCAM ⴰⵙⵉⵏⴰⴳ-Asinag N° 3

Dossier thématique:
 Aménagement de l’amazighe : motivations, méthodologie et retombées

La langue amazighe est parlée, en Afrique du Nord et au Sahel, sur une vaste étendue par des communautés d’importance très inégale et séparées parfois par de grandes distances. Ce morcellement géographique et la rareté des échanges entre les communautés a contribué à la diversification dialectale. Mais, malgré le foisonnement apparent des parlers amazighes, leur convergence est évidente et a été rapportée dans la littérature amazighisante. Sous-jacente à l’hétérogénéité de surface, existe une unité profonde de la réalité linguistique amazighe à tel point que des dialectologues, comme A. Basset (1952), à la quête de particularismes, ont dû se rendre à l’évidence des similitudes entre les différentes variétés.


C’est ainsi que le paysage sociolinguistique de l’amazighe se caractérise par les traits saillants suivants :

  • Sa grande extension géographique ;

  • Le manque de contact permanent et régulier entre ses différentes zones, à l’exception des isoglosses ;

  • Sa coexistence sur la même aire géographique avec d’autres langues ;

  • Son exclusion des instances étatiques, de la vie publique et de l’école (jusqu’à une date très récente pour le Maroc et l’Algérie) ;

  • et la prédominance de l’oralité au détriment de l’écriture.


Il résulte de cet état de fait une certaine dialectalisation de la langue, qui se réalise ainsi sous forme de plusieurs variétés. Cependant, sa vitalité est telle qu’elle a pu survivre, le long de l’Histoire, en dehors de tout cadre institutionnel et malgré une marginalisation de plusieurs siècles.
Cet état de fait conduit parfois à considérer que la langue amazighe est largement une abstraction dans la mesure où elle se réalise concrètement en plusieurs variétés formant de grands groupes dialectaux ou géolectes. Si la majorité des études linguistiques ont été descriptives et ont porté sur des parlers spécifiques, plus rarement sur un ensemble de parlers constituant un dialecte, ce passage obligé à un moment donné de la linguistique amazighe a cédé le pas, depuis les années 1980, à d’autres préoccupations qui sont la théorisation, le passage à l’écrit, la normalisation et la mise à niveau de la langue.

Dans ce contexte, l’aménagement du statut et du corpus de l’amazighe est une nécessité dictée par les transformations que connaît l’environnement interne et externe, par la dynamique du passage à l’écrit et par les nouvelles fonctions qu’acquiert la langue.

 

Dans le cadre de cette problématique générale, la revue Asinag consacre le dossier de son troisième numéro à l’aménagement linguistique dans le domaine amazighe, en proposant de susciter un débat autour des questions suivantes :
 

  • Comment gérer la variation et quels moyens mettre en œuvre pour capitaliser les convergences et traiter les divergences ?

  • Est-il judicieux de traiter de manière spécifique chaque composant particulier de la grammaire (phonologie, morphologie et syntaxe, lexique) ?

  • Doit-on opter pour un standard régional ou pour une langue commune, sachant que l’aménagement linguistique d’une langue dialectalisée impose au linguiste de se placer, de facto, à un niveau supra local ?

  • Doit-on adopter une norme standard pour l’amazighe en général ou une norme plurielle conforme à la variété des usages de la langue, en conformité avec le concept de polynomie ?

  • Pour l’enrichissement de la langue, doit-on procéder à des importations externes (emprunt lexical) ou recourir aux ressources propres de la langue pour forger de nouvelles unités lexicales (néologie lexicale). Ces deux procédés sont-ils en fait mutuellement exclusifs?

  • Doit-on préconiser des moyens d’intervention différents selon qu’il s’agit de la langue usuelle ou de la langue spécialisée (technolectes) ?

 

Sur la base de ces questionnements autour de l’aménagement de l’amazighe, le comité de rédaction propose que les contributions relatives au dossier s’inscrivent de préférence dans l’un des axes suivants :

  • Aménagement du statut de la langue et environnement sociopolitique

  • Norme et polynomie dans le processus d’aménagement du corpus

  • Gestion de la variation dans l’aménagement des structures de la langue

  • Traitement de l’emprunt et de la néologie

  • Diglossie amazighe : langue usuelle et langue standard

  • Relais de diffusion, d’implantation et de régulation des normes établies

  • Mise à niveau de la langue par les NTIC

  • Retombées éducatives, sociales et culturelles de l’aménagement de l’amazighe

Outre le dossier thématique, le numéro 3 de la revue Asinag  accueillera, dans le volet « Etudes », les articles ne se rapportant pas au dossier mais qui traitent d’autres aspects de la langue et la culture amazighes. Dans la rubrique « Textes» seront publiées des productions en amazighe (poésies, extraits de nouvelles, etc.).

 

Langues de rédaction : l'amazighe, l'arabe, le français, l'anglais ou l'espagnol.

 

Modalités de soumission

- L’article ne doit pas dépasser 14 pages, bibliographie comprise (deux pages pour la bibliographie). Le Guide de rédaction est disponible [ ICI ]
- Une fiche de renseignement accompagnera l'article est disponible [ ICI ]
Notification d'acceptation : 15 juillet 2009.
 Un résumé accompagnera l’article. Il sera rédigé dans une autre langue que celle de l’article et ne dépassera pas dix (10) lignes en Times New Roman 12, interligne simple.
- Les soumissions seront envoyées, avant le 20 juin 2009, par courrier électronique à: asinag@ircam.ma ou par voie postale à :

IRCAM, Avenue Allal El Fassi, Madinat Al Irfane, Hay Ryad, B.P. 2055 - Rabat
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