Appel à contribution: Socio-anthropologie du Cinéma et critique de film, Hommage au feu Noureddine Sayel

Thème proposé :
La socio-anthropologie du cinéma est un carrefour où se croisent la sociologie et l’anthropologie, l’histoire de l’art, l’iconologie, les études cinématographiques et photographiques, la sociolinguistique et la psychologie ... C’est l’étude de l’homme dans ce qu’il donne seulement à voir et qu’on appréhende par des outils d’investigation non verbaux.  Dans cette optique, Aussi bien l’anthropologie que la sociologie dites « visuelles » se définissent comme branches de la sociographie et de l’ethnographie descriptives, qui collectent par médiation de l’image les informations sur les peuples du présent et du passé sans oublier, dans cette optique, à questionner le médiologique non seulement comme support mais aussi comme objet.

En parallèle à ce processus, la critique cinématographique (ou filmique), occupant la 1ère place dans la chaîne de la « réception cinématographique », puisqu’elle précède le public dans l'accueil des films, a connu une grande métamorphose avec la diminution du public dans les salles, la crise de la presse écrite et la logique publicitaire. L'exercice de la critique, oscillant entre profession, érudition (spécialité académique) et amateurisme (initiation à la cinéphilie au sein des ciné-clubs), se trouve en situation difficile avec l’avènement du multimédia tout en devenant partie prenante de l’industrie cinématographique avec ses émissions télévisées et sa présence rituelle dans les festivals.

Si la sociologie et l’anthropologie du cinéma se sont intéressées au cinéma comme un « fait social », expression d’une civilisation industrielle que la révolution numérique a transformée, ce fait est passé d’un objet d’étude à une forme d’expression scientifique déplaçant leur texte scientifique de la sphère de l’écrit où l’image (support visuel) est utilisée comme document à l’appui, à la sphère du visuel où le multimédia est devenu moyen d’expression et technique d’écriture. Parallèlement à ce processus, la critique cinématographique est passée de son rôle d’évaluateur (sic !) de l’œuvre cinématographique en oscillant entre une professionnalisation, tentée par l’objectivation de ses propos en s’armant de théories qu’elle va puiser dans son environnement immédiat (communication, art, littérature, etc.), et une critique ordinaire qui se présente comme défendant un goût (généralement, SON goût) où, parler du film, c’est parler de soi !

Aujourd’hui, l’intérêt au visuel et à son développement (perméabilité des frontières entre le visuel et les autres formes d’expression due à la révolution du multimédia et du numérique) a permis aux sociologues et aux anthropologues (voire les socio-anthropologues) qui l’utilisent au même titre que d’autres outils qualitatifs pour la description minutieuse d’éléments culturels, de faits et de phénomènes sociaux, de rendre compte de leurs objets de travail. Ils pensent que le travail visuel leur a permis, en général, de rendre visibles les cultures et les sociétés. Dans ce contexte, la critique cinématographique commence à devenir partie intégrante de cette nouvelle configuration à travers son accompagnement de la production filmique (dite visuelle). Cela lui octroie un rôle épistémologique malgré ses relents hérités de périodes révolues.

Cet intérêt au cinéma est dicté par la culture de l’image et du multimédia dans laquelle nous baignons aujourd’hui, puisque le cinéma est devenu un outil important de transmission des savoirs. Il constitue un objet didactique précieux grâce à la richesse des codes culturels qu’il véhicule, à tel point qu’on peut le considérer comme une synthèse de tous les arts du fait de son caractère polyphonique où se superposent les codes linguistiques, les codes de l’image, la musique, la scénographie, etc.

Dans ce contexte, une transmission efficace de la culture marocaine, dans sa pluralité, est impensable sans l’utilisation des nouvelles technologies des médias et de l’image pour former le téléspectateur marocain et sans le dépassement de l’école qui sévit encore à l’état gutenberguéen favorisant l’analphabétisme « visuel » et privilégiant l’imprimé et la calligraphie.

Par ailleurs, la mise en valeur et la promotion du patrimoine culturel marocain (amazighe, arabe, hassani, judaïque, morisque, etc.) doit passer par ces outils pédagogiques et de communication, non seulement dans le système éducatif, mais aussi dans l’espace public en entier dans le but de renforcer les cadres de références identitaires, de créer une échelle de goût se référant à une « pesanteur socio-culturelle » marocaine.

Ces moyens de transmission et de formation sont aussi d’une valeur inestimable pour analyser et comprendre le volet socioculturel des langues et des cultures marocaines susmentionnées. C’est le cas par exemple de l’analyse filmique des œuvres, tous supports et genres confondus, qui portent sur ces langues et ces cultures et qui les décrivent ou les caractérisent. Projeter des films marocains de tous bords et débattre sur leur esthétique et leurs thématiques est à même de renseigner sur les individus et les sociétés ainsi que sur leurs espaces de vie. Une telle activité nécessite, en amont, des études et des recherches pour bien comprendre la diversité artistique, linguistique et culturelle au Maroc et l’impact qu’a le cinéma sur la société.

Dans le cadre du débat lancé autour des méthodes et des techniques de recherche sur les formes d’expressions artistico-culturelles et la place de l’audio-visuel comme support de savoir et sujet d’art, Nous comptons éditer un recueil de textes qui focalise la réflexion sur le croisement entre l’approche académique (sociologie et anthropologie du cinéma) et l’approche artistique (critique cinématographique ou filmique). Pour cela, nous sollicitons la participation des chercheurs et critiques artistiques de l’image et du cinéma tout en leur indiquant que cette note de cadrage est présentée à titre indicatif. Nous leur laissons la liberté d’autres thèmes qu’ils pensent enrichir l’éclairage proposé par cette note.

 

  1. Critères de la participation :

  2.  

Toute participation devra respecter les critères généraux suivants :

 

  • Le texte doit être accompagné d’un résumé avec les mots-clés que l’auteur privilégie.

  • Une bibliographie classée par ordre alphabétique selon le nom de l’auteur de la référence exploitée. S’il y a plus d’une référence pour le même auteur prière de les classer chronologiquement.

  • Si vous utiliser des photos comme documents d’appui, prière d’écrire en bas de chaque photo la source, l’année, l’auteur et toute information pouvant la référencer dans le respect des droits d’auteur.

  • Les langues officielles sont l’arabe et le français.

  •  

Les propositions de communication doivent être adressées à l’adresse suivante :  sallou@ircam.ma

 

 Voir les cahiers de médiologie sur le lien suivant : https://mediologie.org/ancien-site/cahiers-de-mediologie/