Saints et sanctuaires de l’Anti-Atlas occidental. Apports et perceptions

L’intervention vise à décortiquer les perceptions locales de la sainteté, le substrat sur lequel se sont construits les rapports entretenus avec les nombreux sanctuaires vénérés dans la région, dont la fondation des lieux remonte à des périodes historiques aussi lointaines. Des lieux de culte chargés d’histoire et de souvenirs communautaires souvent enfouis, mais qui se perpétuent encore dans la mémoire collective à travers la toponymie locale que les centres urbains se sont appropriés (sidi Bibi, sidi Ouassay, sidi Bou Abdelli, sidi Ifni et…) ou encore à travers les cérémonies religieuses organisées, périodiquement sur les lieux, par des processions religieuses ou par des jemaas locales. Cette dévotion locale renouvelée aux saints de l’Anti-Atlas, bien qu’amoindrie par les aléas du temps, a contribué au développement des représentations collectives et des dynamiques aux dimensions multiples : cultuelle qui s’explique par l’islam confrérique fort répandu dans la région et le mysticisme qui en découle ; sociale qui se manifeste à travers les représentations collectives des communautés profondément imprégnées de l’humilité de leurs saints vénérés et de leur baraka . D’où le recours, dans le passé récent, à leur capital symbolique, bénédiction et malédiction pour trancher des litiges intercommunautaires afin de préserver l’ordre et la paix tribale ; culturelle et artistique qui se traduisent par la conviction de certains chanteurs et acrobates qui croient fermement en l’existence d’un lien corrélatif entre l’influx bénéfique du saint « la baraka », dont ils se réclament, et leur réussite dans le domaine artistique ; enfin la dimension économique qui s’illustre dans les ilmouggarn : foires régionales organisées durant l’été et le début de l’automne, dont l’impact économique ne saurait être ignoré pour beaucoup d’éleveurs, de commerçants et de communes rurales qui en tirent profit.