La résistance amazighe contre les envahisseurs français et espagnol était stimulée par "un fort attachement à la dignité" (chercheur français)

Les Marocains amazighs ont réussi à combattre les armées française et espagnole à la faveur d'une "résistance active", animés en cela par "un fort attachement leur dignité", a dit, mercredi à Rabat, un chercheur français, lors d'une conférence sur la résistance des Amazighs de l'Atlas et du sud-est marocain.


"Bien que la résistance marocaine amazighe ait été un peu décousue, elle était extrêmement active. Elle a réussi à retenir l'inévitable pendant plus de 30 ans", a affirmé Michael Peyron, ancien professeur universitaire à Rabat, faisant la lumière sur la tactique adoptée par les Imazighen dans leur combat contre la colonisation, s'appuyant souvent sur le "mouvement du terrain" et "les imprudences" de l'adversaire.


"La tactique de l'Amazigh consistait à rechercher le corps à corps, utiliser le mouvement du terrain au maximum et surtout profiter des imprudences pour couper l'adversaire de ses bases, l'encercler et le détruire", a-t-il relaté.


M. Peyron a cité en exemple les batailles d'Anoual et de Lahri au cours desquelles les résistants ont pu assener un coup dur aux envahisseurs.
La Bataille d'Anoual, aussi connue sous le nom de Désastre d'Anoual, opposa un contingent militaire espagnol à la résistance nationale dans la région du Rif, en juillet 1921. Les affrontements ont eu lieu à 120 km de Melilla dans le nord du Maroc et marqua le début de l'épique guerre du Rif.
La victoire d'une petite troupe de résistants rifains sur l'armée espagnole devint un important symbole de la lutte anticoloniale et marqua un tournant de la résistance au double protectorat espagnol et français instauré au Maroc .


La bataille de "Lahri" a été menée par les fils de la région du Moyen Atlas, le 13 février 1914. Les résistants avaient pu, lors de cet affrontement, remporter les victoires les plus éclatantes contre les armées des envahisseurs qui avaient subi les dommages les plus accablants en équipements militaires et en soldats.


D'autre part, M. Peyron a mis l'accent sur l'importance majeure qu'accordaient les résistants à leur dignité, en raison d'une disparité en armement qui existait entre les armées des envahisseurs et les Amazighs qui se démenaient, autant que faire soit peu, avec des armes légères à "se défendre honorablement".


"Les armées française espagnole disposaient d'un arsenal tout à fait au goût du jour. Heureusement, les Imazighen disposaient d'un stock important de fusils, qui n'étaient pas de toute dernière génération, mais qui étaient dans le coup, et avec lesquels ils pouvaient se défendre honorablement", a -t-il- dit.


Le chercheur français a souligné en outre que les résistants amazighs, en dépit de leurs armes légères, combattaient pour "la dignité" et portaient peu d'intérêt à la question de "confort". Cette conférence a été organisée par l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) sous le thème "Résistance chez les Imazighen de l'Atlas et du sud-est marocain (1900-1936): armement, tactique et stratégie". Son objectif était d'échanger sur un sujet qui a été longtemps omis par les historiens, notamment l'apport des Imazighen dans l'histoire du Maroc, selon les organisateurs. BD---COUV. JC.

                                                                                         MAP 061926 GMT fév 2013