Le discours royal d'Ajdir a marqué la fin d'une conception monolithique de la culture marocaine (M. Boukkous)

Rabat, 16/10/09 - Le discours prononcé par SM le Roi Mohammed VI, le 17 octobre 2001 à Ajdir (Khénifra) a marqué la fin d'une conception monolithique de la culture marocaine, a affirmé le recteur de l'Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM), M. Ahmed Boukkous.

-Par Hanane Berrai- MAP

'Le discours du trône de 2001, le discours d'Ajdir et le dahir portant création de l'IRCAM ont jeté les fondements d'une nouvelle politique linguistique et culturelle de notre pays en ce sens où il y a eu reconnaissance de la diversité des fondements de l'identité culturelle marocaine', a affirmé M. Boukkous dans un entretien à la MAP, à l'occasion du 8ème anniversaire du discours royal d'Ajdir.
Il s'agit d'un discours extrêmement moderne et novateur qui souligne que l'identité marocaine est diverse et plurielle bâtie autour d'affluents à la fois Amazigh, Arabe, Sub-Saharien, Africain et Andalous et qui précise que cette pluralité est indissociable de l'unité de la Nation, a expliqué le recteur de l'IRCAM.

Le Souverain a voulu transmettre le message que la culture amazighe n'est pas l'apanage d'une frange de la population, qu'il s'agit d'un bien commun à tous les Marocains arabophones ou amazighophones, qu'il n' y a aucun conflit entre la culture amazighe et arabe et que leur complémentarité fait la richesse de la culture nationale, a dit M. Boukkous.

Autre point fort à signaler, selon le recteur de l'IRCAM, c'est le fait d'avoir associé à la cérémonie d'apposition du Sceau chérifien scellant le dahir créant et organisant l'IRCAM les représentants de différentes composantes de la Nation politiques et syndicales, religieuses et culturelles, économiques et associatives.

 

L'IRCAM : une institution dédiée à la promotion de la culture amazigh

L'IRCAM est une institution académique qui a pour mission de sauvegarder, de promouvoir et de renforcer la place de la culture amazighe dans l'espace éducatif, socio-culturel et médiatique national ainsi que dans la gestion des affaires locales et régionales.

Selon M. Boukkous, des acquis importants ont été réalisés en matière de langue et culture amazighes dans les domaines de l'enseignement, des médias et de la recherche, mettant en avant l'apport de l'IRCAM dont le bilan 'est positif'.

L'IRCAM contribue au quotidien à la concrétisation de la volonté royale visant la sauvegarde et la promotion de la langue et la culture amazighes, mais le succès de sa mission, a estimé M. Boukkous, reste tributaire des efforts qui devront être consentis par toutes les institutions concernées pour s'inscrire concrètement et résolument dans cette vision.

'La volonté politique est présente mais il y a la nécessité de l'opérationnaliser dans le cadre des politiques publiques', a-t-il indiqué.

 

L'évolution de l'amazighe dans l'enseignement

En 2003, l'enseignement de l'amazighe a été intégré dans le système éducatif national dans le cadre d'une convention qui continue à lier l'IRCAM au ministère de l'Education nationale.

'Le nombre d'écoles est passé de 317 en 2003 à 3425 aujourd'hui, alors que les apprenants, qui étaient de l'ordre de 25.000 élèves en 2003 se chiffrent de nos jours à 516.000', a précisé le recteur de l'IRCAM.

Le nombre d'enseignants de la langue amazighe a également évolué, passant de 807 enseignants en 2003 à 12.182 de nos jours, a-t-il poursuivi, précisant que le nombre des inspecteurs et superviseurs pédagogiques est également passé de 10 à 80 aujourd'hui.

M. Boukkous a cependant relevé que l'enseignement de l'amazighe ne concerne aujourd'hui que 8 pc de la population scolarisée en raison du manque d'enseignants, a précisé le recteur de l'IRCAM.

Le recteur de l'IRCAM a souligné à cet égard la nécessité de dispenser aux enseignants une formation satisfaisante et appropriée.

'Nous pensons qu'il y a vraiment du travail à faire à ce niveau là par le ministère de l'éducation nationale dans le sens où malheureusement il y a encore très peu d'enseignants de l'amazighe qui ont reçu une formation initiale de base au niveau des centres de formation', a-t-il affirmé, ajoutant que les modules d'enseignement de l'amazighe n'ont été introduits que récemment.

M. Boukkous a par ailleurs rappelé la création, depuis 2006, d'un certain nombre de filières de masters et de licences notamment aux universités Ibn Zohr d'Agadir, Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès et Mohammed Ier d'Oujda.

'Les chercheurs de l'IRCAM assurent aussi des formations continues au niveau des Académies régionales d'éducation et de formation', a ajouté M. Boukkous.

Le recteur de l'IRCAM a évoqué l'élaboration par l'Institut d'un manuel d'apprentissage de l'amazighe destiné à l'élève, un guide pédagogique de l'enseignant pour tous les niveaux de l'enseignement primaire et des supports médiatiques qui facilitent l'apprentissage de la langue.

Evoquant la place de l'Amazighe dans les médias, le recteur de l'IRCAM a souligné la nécessité d'améliorer la programmation au niveau des chaines nationales de nature à mettre en valeur la culture amazighe. Il a à ce titre émis le souhait de voir les maisons de production accorder plus d'attention à ce sujet.

M. Boukkous a, d'autre part, précisé que la chaîne amazighe sera un outil de communication de proximité qui permettra d'intégrer des millions de Marocains qui ont 'le droit d'être informés dans une langue qu'ils comprennent'.

'Nous souhaitons aussi que cette chaîne soit un vecteur de transmission d'une langue amazighe standardisée', a-t-il poursuivi.

 

L'IRCAM: une institution de référence en matière de recherche scientifique.

L'Institut a une fonction académique en rapport avec la recherche scientifique, qu'il assure avec succès.

En effet, des recherches sont menées dans les différents domaines de la connaissance, notamment la sociologie, l'anthropologie, la littérature, la linguistique, et l'histoire.

L'institut, a rappelé M. Boukkous, dispose de sept centres de recherche, à savoir le centre de l'aménagement linguistique qui s'occupe de la normalisation de la langue, l'élaboration des dictionnaires et des grammaires, le centre de la recherche pédagogique et didactique chargé d'élaborer les manuels de l'enseignement de l'amazighe et tous les supports pédagogiques, le centre de littérature et des arts, le centre de traduction, le centre d'histoire et géographie, le centre d'études sociologiques et anthropologiques et enfin le centre d'études informatiques.

Pour ce qui est des publications, M. Boukkous a tenu à préciser que l'Institut a, actuellement, à son actif 150 publications, ce qui constitue 'un nombre considérable eu égard à l'histoire récente de cette institution'.

'Au Maroc, on n'a jamais réalisé autant de recherches ni édité autant de publications que depuis l'existence de l'IRCAM', a-t-il conclu.

A son huitième anniversaire, nous ne pouvons que constater que l'IRCAM est devenu une institution de référence dans le champ de la recherche et de l'action en faveur de la promotion de l'amazighe.