Appel à contribution de la revue de l'IRCAM : Asinag N° 14

Dossier thématique:
Transmission culturelle et mutations sociale

Il n’y a pas de société humaine sans transmission culturelle. Dans toute société, individus et groupes inclinent à transmettre afin que ce qu’ils vivent, croient et pensent ne meure pas avec eux. On transmet alors les éléments qu’on juge nécessaires à l’agencement et au fonctionnement des structures sociétales. Les choses transmissibles relèvent de différents ordres, matériels et immatériels, concrets et abstraits, réels et fictifs, sacrés et profanes… La pratique de la transmission organise la vie sociale et son processus fonde la perpétuation ou la reproduction de la société.

 

Aujourd’hui au Maroc, plus que par le passé, la transmission culturelle se trouve à la charnière de la continuité et du changement. Ce qui n’est pas sans soulever, dans le cas de la culture amazighe, la question de l’impact des mutations sociales sur les modes réguliers de transmission horizontale et, surtout, verticale.

 

La transmission verticale revêt une importance considérable en milieux amazighes traditionnels, puisque l’une des missions principales du transmetteur (ascendants ou tout adulte) consiste à inscrire le récepteur (descendants ou tout jeune) dans son groupe d’appartenance ou de référence : famille, lignage… Le fait de recevoir s’insère dans la vie courante des générations montantes. Dans les milieux en question, la construction de l’identité culturelle repose sur des mécanismes de formation séculaires et gravite autour du procédé d’acquisition et de transmission des éléments indispensables pour vivre en groupe : langue, conduites, mythes, rites, savoirs, savoir-faire, valeurs, etc. La plupart de ces éléments sont transmis à l’intérieur de la famille, d’abord ; ils y sont communiqués par les parents et les grands- parents.

 

Dépositaire des traditions ancestrales, la femme amazighe occupe une position de grande portée dans la transmission culturelle. Mère, elle est la première à transmettre la langue à l’enfant. Des siècles durant, sinon depuis des millénaires, elle a transmis de génération en génération un savoir-faire à dimension universelle. En témoigne, entre autres cas, la confection du tapis : objet d’usage quotidien qui a inspiré plusieurs artistes de renom international, européens et américains ; en l’occurrence, les peintres de l’art abstrait. Aussi son rôle dans le domaine de la transmission demande-t-il à être mis en lumière.

 

Ceci étant, le mode de transmission en milieu amazighe, tel qu’il vient d’être présenté, opère de moins en moins. Et pour cause : les réformes structurelles introduites dans le système sociétal marocain du siècle dernier, pendant et après la colonisation, y ont généré d’importants changements. Un exemple parmi d’autres, l’enseignement moderne a provoqué un conflit sans précédent entre la façon de voir du transmetteur et la manière de penser du récepteur. Très souvent, l’écolier, à l’image de l’instituteur, se permet de corriger la conception mythique que ses parents ont d'un fait historique ou d'un phénomène naturel et même de critiquer ou condamner leurs pratiques et croyances.

Plus encore : avec l’émergence et l’essor de la société civile, d’une part, et la très large utilisation des nouvelles technologies de communication, d’autre part, l’instituteur au sens classique n’a plus le monopole de la transmission du savoir et des connaissances. Il est concurrencé, puis surclassé par de jeunes adultes, voire des adolescents. Est-ce à dire que les rôles du transmetteur et du récepteur sont en partie inversés ?

 

Afin d’apporter une réponse à cette question, il convient de prendre en compte le fait que les sociétés entrant en contact les unes avec les autres, subissent des mutations qui affectent à des degrés variés leurs modes de transmission respectifs. Ceci permettra de projeter un nouvel éclairage sur les dynamiques en œuvre dans la culture amazighe. C’est dire qu’on doit s’atteler au problème de la gestion des transformations.

 

D’autres questions se posent et s’imposent. Comment la transmission culturelle s’opère-t-elle dans des situations de mutations sociales ? Y a-t-il, dans ce contexte, dysfonction ou adaptation des pratiques de transmission ? Quel type de rapport existe-t-il entre mutation de la société et dysfonction ou adaptation des modes de transmission ? Pour mieux y répondre et ouvrir de nouvelles pistes de recherche en la matière, la revue Asinag souhaite recevoir des contributions en rapport avec les axes suivants :

  • Modes et canaux de transmission des techniques et savoir-faire dans les domaines de construction et de production : architecture, bijoux, poterie, tapis…

  • Transmission des valeurs, croyances et représentations collectives.

  • Rôle(s) ou fonction(s) de la femme dans les sphères de la transmission culturelle.

  • Modes et enjeux de la transmission intergénérationnelle de la tradition orale.

  • Effets des mutations sociales sur les modes de transmission : dysfonction, adaptation, assimilation, émergence d’autres modes …

Modalités de soumission

- Langues de rédaction : l’amazighe, l’arabe, le français, l’anglais ou l’espagnol.

- L’article ne doit pas dépasser 14 pages, bibliographie comprise.

- Le guide de rédaction est disponible [ ICI ].

- L’article doit être accompagné de deux résumés, l’un en amazighe et l’autre écrit dans une langue différente de celle de rédaction. Il ne devra pas dépasser 10 lignes, en Times New Roman 11, interligne simple.

 

Echéancier

Les contributions, en versions Word et PDF, seront envoyées, au plus tard, le 30/11/2016, par courrier électronique à asinag@ircam.ma ou par courrier postal à l’adresse suivante :

Revue Asinag, IRCAM, Avenue Allal El Fassi, Madinat Al Irfane, Hay Ryad, B.P. 2055 –Rabat – Maroc

- Notification d’acceptation : le 30/01/2017