Appel à contribution de la revue de l'IRCAM ⴰⵙⵉⵏⴰⴳ-Asinag N° 7

Culture et développement.
Ressources, savoirs et savoir-faire locaux

Basé sur l’inégale répartition des ressources naturelles, le déséquilibre régional que connaît le Maroc est fondamentalement expliqué par la politique socioéconomique de l’Etat. Héritée, en partie, de la période coloniale, cette politique pose aujourd’hui, et avec acuité, la problématique de l’équité territoriale. Cette question, complexe et difficile, préoccupe les politiques, les économistes et les techniciens de l’aménagement du territoire. Ainsi, la tentative de régionalisation lancée depuis le début des années soixante-dix du siècle dernier, actuellement revisitée, montre bien cette complexité : quelles stratégies adopter afin de faire jouer à toutes les composantes socio-spatiales nationales les rôles qui leur reviennent dans le développement harmonieux du pays ?

 

Les géographes de la période coloniale, après avoir abandonné l’idée du « déterminisme naturel », ont tenté de jeter les fondements d’un découpage territorial à même de trouver des solutions à ce déséquilibre socio-spatial. Ainsi, dès les années 1950, la majorité des analystes économistes ont soutenu qu’il n’y aura pas de développement humain sans le développement économique et matériel. Néanmoins, et après l’échec des idéologies « marxistes » et après les crises survenues vers la fin du siècle écoulé, la vision qui fait de l’homme (de l’individu) et de sa culture le centre des actions de développement tend à gagner du terrain.

 

Le développement humain, global et indivisible, selon la définition même des organisations internationales, doit prendre en compte les multiples dimensions de l’homme, à savoir les dimensions physique, culturelle, psychique, socioéconomique, environnementale, etc.
Partant de cette grille et du type de développement qu’a connu le Maroc, l’image qui en résulte montre deux strates socio-spatiales bien distinctes : l’une « supérieure », imprégnée d’éléments de « civilisation dite moderne» et l’autre vivant en marge de l’histoire. Cette image, malgré l’inégalité qu’elle manifeste, est inculquée, à travers la socialisation et la scolarisation, aux différentes générations qui ont fini par l’intérioriser.

 

Aujourd’hui, avec le renforcement de l’ouverture sur l’Autre et le contact avec autrui, on assiste, un peu partout, à une prise de conscience de soi. Née avec la scolarisation, la migration et le contact, cette conscience a mûri avec le développement des communications et l’ouverture médiatique. L’impératif de se faire valoir comme identité s’impose. Le droit au développement de la personnalité, à l’affirmation de l’identité et à la reconnaissance mutuelle des différentes composantes de la société devient le passage obligé de tout développement harmonieux. Le rejet de l’idée d’une culture supérieure et d’une autre inférieure invite à repenser et à revaloriser les acquis économiques et socioculturels de toutes les couches socio-spatiales. Aujourd’hui, l’universalité de l’expérience et de la civilisation humaines offre à chacun la chance de jouer pleinement son rôle, là où il se trouve, sans complexe aucun.

 

Au Maroc, le savoir-faire local, en tant que composante de la culture nationale, joue encore un rôle fort important dans l’équilibre territorial et sociétal. Il constitue un pilier de la stabilité du pays, malgré la force d’impact de la globalisation. On peut même, de nos jours, avancer l’idée que le savoir-faire, fondement de la cohésion socio-spatiale, peut, à terme, devenir le soubassement de la réflexion pour un découpage territorial adapté aux conditions de la société marocaine.

 

S’inscrivant dans le cadre de cette réflexion, la revue Asinag consacre le dossier de son 7ème numéro à l’analyse des savoirs et savoir-faire locaux amazighes dans leur consistance, leurs forces, leurs faiblesses et les opportunités que leur offre le contexte actuel pour jouer leur rôle dans la consolidation de l’identité nationale.

 

L’objectif de ce dossier est de susciter l’intérêt des chercheurs afin de mettre la lumière sur les savoirs et savoir-faire en matière de techniques, de gestion et d’exploitation des ressources naturelles et humaines dans leur relation avec la culture et le développement.
Afin de cerner le sujet, le Comité de rédaction de la Revue propose les axes suivants :

  • Identité territoriale, culture et développement ;

  • Savoirs et savoir-faire locaux, approche méthodologique ;

  • Rôle des savoirs et des savoir-faire locaux dans la gestion des ressources naturelles (eau, sol, forêt, pêche, minerai…) ;

  • Savoirs et savoir-faire en matière de production économique et artistique (agriculture, tissage, bijouterie, production artistique…) ;

  • Stratégies de valorisation des savoir-faire locaux.

Parallèlement au dossier thématique, le volet Varia du présent numéro accueillera également des articles traitant d’autres aspects de la langue et de la culture amazighes. Des comptes rendus d’ouvrages sur l’amazighe ainsi que des productions en amazighe (poésie, extraits de nouvelles, etc.) trouveront également leur place dans les rubriques afférentes.

 

Modalités de soumission:

 - Langues de rédaction : l'amazighe, l'arabe, le français, l'anglais ou l'espagnol.
 - L’article ne doit pas dépasser 14 pages, bibliographie comprise.

 - Le Guide de rédaction est disponible [ ICI ].
 - Un résumé accompagnera l’article. Il sera rédigé dans une autre langue que celle de l’article et ne
dépassera pas dix (10) lignes en Times New Roman 12, interligne simple.

 

Echéancier :

 - Les contributions seront envoyées, avant le 15 octobre 2011, par courrier électronique à: asinag@ircam.ma ou par voie postale à :

Revue Asinag, IRCAM, Avenue Allal El Fassi, Madinat Al Irfane, Hay Ryad, B.P. 2055 –Rabat - Maroc

- Notification d’acceptation: le 15 novembre 2011 le 15 décembre 2011